Le travail à domicile, une opportunité en tant que travailleur handicapé

Vous êtes en situation de handicap depuis peu à cause d’un accident de la vie ? Ou vous travaillez déjà avec un handicap mais aimeriez bénéficier d’un cadre de travail plus adapté à votre état de santé ? Dans ce cas, le télétravail est souvent la solution la plus adaptée pour ne pas avoir à choisir entre confort et productivité. Si votre emploi actuel ne le permet pas, pourquoi ne pas envisager une reconversion professionnelle ? Transitions Pro vous donne les clés pour mettre en œuvre votre projet de reconversion.

Les avantages du travail à domicile quand on est en situation de handicap

Le télétravail peut vous aider, en tant que travailleur handicapé, à mieux vous insérer dans votre milieu professionnel. Votre domicile est, en effet, très propice à la mise en œuvre d’une meilleure compensation du handicap, avec un gain de confort indéniable à la clé.

Un quotidien facilité

Mis en place dans de bonnes conditions, avec votre accord et en adéquation avec vos besoins, le télétravail est source de nombreux avantages au quotidien :

  • réduction de la fatigue: il élimine les trajets travail-domicile, permet de travailler dans un environnement rassurant et d’adapter son rythme à ses capacités.
    Par exemple, il permet de décider soi-même de ses temps de pause, afin de gérer plus facilement son stress et sa fatigue.
  • conditions de travail plus propices à vous maintenir en bonne santé : le domicile est en effet plus approprié pour recevoir des soins médicaux en parallèle d’une activité professionnelle. Il est également plus rassurant et souvent mieux adapté à la pathologie du travailleur.
  • meilleure organisation personnelle: en télétravail, il est possible d’adapter ses horaires pour gérer sa charge de travail. L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est ainsi mieux préservé.
  • travail plus inclusif: le télétravail rétablit une forme d’égalité avec les autres salariés, grâce notamment aux contacts par visioconférence où le handicap est parfois moins exposé.
  • un « plus » en matière d’évolution professionnelle: en améliorant les conditions de travail, le télétravail accroit les aptitudes et la confiance en soi et favorise ainsi la montée en compétences.

On remarque, bien sûr, que les bénéfices du télétravail sont variables en fonction du type de handicap et des compensations apportées par les outils numériques.

Pour les salariés avec un déficit auditif 

La collaboration écrite, souvent privilégiée en télétravail, diminue la fatigue. Elle laisse plus d’espace pour effectuer le surplus de travail occasionné par ce type de handicap, qui contraint à décrypter les messages. Le stress de manquer une information est ainsi moins présent.

Tout un panel de technologies existe aujourd’hui pour assister le télétravailleur malentendant : outil de transcription spontanée, codage en langue des signes, enregistrement sous-titré des réunions, microphone déporté, casque de communication adapté…

Pour les salariés avec un handicap visuel

Un certain nombre d’outils numériques adaptés à la restitution en braille ou à la restitution orale existent, complétés par des outils bureautiques permettant de modifier les documents : taille des caractères, espacement… L’organisation du travail se fait aussi souvent en binôme, avec un collègue qui écrit ou oralise les comptes-rendus pour le salarié malvoyant.

Outre les améliorations apportées par les technologies, les bénéfices du télétravail pour un handicapé visuel résident avant tout dans l’élimination des trajets.

Salariés en situation de handicap moteur

Là encore, la suppression des trajets diminue la fatigabilité. Télétravailler accroît aussi le confort physique de ces travailleurs qui ont besoin de plus de repos, de pouvoir alterner les positions, et parfois de recevoir des soins. Il aide également à mieux s’intégrer à un collectif de travail et à prévenir les discriminations.

Salariés victimes d’une maladie chronique invalidante

Le télétravail permet d’organiser son planning de façon à recevoir des soins médicaux et à organiser son temps en fonction de son état de santé. L’aménagement d’un poste de travail adapté aux contraintes de la pathologie ainsi que la suppression des déplacements limitent les risques de fatigue.

Le télétravail peut être ici un moyen de faciliter un retour au travail après un arrêt-maladie et de favoriser le maintien dans l’emploi. Il peut aider aussi à réduire les absences dues à un traitement, par exemple avec un mi-temps thérapeutique.

Salariés victimes de troubles psychiques

Le télétravail permet de mieux répartir le temps de travail en fonction des temps de soin, car ce type de pathologie peut avoir un aspect imprévisible. L’activité peut aussi être mieux adaptée au rythme du salarié qui ressent son environnement comme plus sécurisant, moins contraignant. Les visioconférences, par exemple, laissent la possibilité de couper la caméra si le niveau de stimulation est ressenti comme perturbant.

Le télétravail soulage les salariés victimes d’autisme du poids des interactions sociales et des sollicitations sensorielles qui leur sont pénibles. Il limite ainsi les risques de décompensation et d’arrêts de travail.

Une meilleure insertion professionnelle

L’année 2006 a vu la création des entreprises adaptées (EA), chargées d’assurer l’insertion des travailleurs porteurs de handicaps par l’attribution de travaux à domicile pour le compte d’autres entreprises.

Travailler en entreprise adaptée, c’est donc bénéficier du télétravail avec, au choix, plusieurs modes d’insertion :

  • Le CDD tremplin
    qui s’étale sur une durée de 4 à 24 mois en EA et permet de se former à un métier qui correspond à un projet, puis à la recherche d’un emploi dans une autre entreprise.
  • Le travail en EATT (entreprise adaptée de travail temporaire)
    Il s’agit dans ce cas d’être directement délégué par l’EA auprès d’une entreprise de travail temporaire qui tient compte des dispositions liées au handicap. Un contrat peut s’étaler sur 12 à 24 mois, avec des actions de formation et d’accompagnement pour monter en compétences.
  • La mise à disposition auprès d’un employeur
    Dans ce cas de figure, l’entreprise adaptée met le télétravailleur à la disposition d’un employeur prêt à l’embaucher sous une durée de 12 à 24 mois. L’entreprise adaptée accompagne et forme jusqu’à l’embauche définitive.

Attention, ne pas confondre l’EA (entreprise adaptée), avec l’ESAT (Établissement et Service d’Aide par le Travail).

L’entreprise adaptée s’adresse à des individus porteurs d’une RQTH  (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) délivrée par la CDAPH (Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées), qui les autorise à travailler, soit en milieu ordinaire, soit au sein d’une entreprise soumise aux dispositions du Code du travail. Ces salariés touchent une rémunération minimum égale au SMIC et se concentrent davantage sur la réalisation de prestations intellectuelles adaptées au télétravail.

Les ESAT, eux, sont des centres médico-sociaux soumis au code de l’action sociale, spécialisés dans la réalisation de tâches manuelles. Les travailleurs handicapés y touchent une rémunération située autour de 55 % du SMIC sans bénéficier du statut de salarié.

Bon à savoir : le CDD tremplin et le travail en EATT sont des dispositifs en cours d’expérimentation jusqu’en décembre 2023.

Télétravail et handicap : que dit la loi ?

La crise Covid et les confinements ont précipité l’avènement du télétravail, porté parallèlement par le développement des outils de travail collaboratifs et numériques. Pour autant, il n’existe pas de loi qui contraigne un employeur à mettre en œuvre le télétravail en dehors de situations exceptionnelles.

Le droit au télétravail

Les dispositions qui encadrent le télétravail relèvent d’un accord entre l’employeur et ses salariés. Une charte collective ou un accord peuvent être établis. Seules les modalités que va revêtir le télétravail sont encadrées par des dispositions légales. Elles prévoient les mêmes droits et les mêmes avantages légaux pour les télétravailleurs que pour les salariés travaillant dans les locaux de l’employeur.

Les accords collectifs spécifient également les conditions de réalisation du télétravail, ainsi que les dispositions particulières à l’égard des personnes en situation de handicap.

Les obligations de l’employeur

Un employeur n’est donc pas obligé d’accorder le télétravail au salarié handicapé qui en fait la demande. Mais la loi lui impose néanmoins des contraintes :

  • celle d’assurer la sécurité et la santé de ses employés sur leur lieu de travail ;
  • et celle de veiller à l’aménagement du poste d’un salarié handicapé en fonction de sa pathologie.

En situation de handicap, un salarié peut donc obtenir que son employeur lui accorde le télétravail :

  • lorsqu’il s’agit d’une mesure d’adaptation de son poste liée à son état de santé,
  • et que cette adaptation est en plus préconisée par le médecin du travail.

Seule les demandes de télétravail à temps plein nécessitent un avis obligatoire de la médecine du travail. Mais rien n’interdit de lui demander son avis pour toute demande, puisqu’en cas d’avis favorable, l’employeur se voit contraint d’accorder le télétravail.

Ensuite, lorsque le télétravail est accordé, la loi handicap et télétravail (5213-6 du Code du travail) prévoit que les salariés doivent bénéficier d’un aménagement de leur poste à domicile identique à celui mis en place dans les locaux de l’entreprise. Les aides de l’Agefiph peuvent aider à financer l’aménagement dans le cadre d’une démarche de maintien du salarié dans l’emploi (sous réserve d’éligibilité).

Pour ce qui est du télétravail et du handicap dans la fonction publique, le décret n° 2019-637 du 25 juin 2019 spécifie qu’un handicap justifie la possibilité de télétravailler au-delà de 3 jours par semaine.

En raison des compensations intéressantes que le télétravail offre aux personnes porteuses d’une maladie chronique invalidante, d’un handicap moteur ou bien d’un handicap psychique, celles-ci en font aujourd’hui fréquemment la demande avec l’appui de leur médecin du travail.

Quels emplois peuvent être réalisés en télétravail à 100 % ?

Quel métier choisir lorsque l’on est en situation de handicap ? Grâce au développement des technologies de l’information et de la communication, un large choix s’offre à vous pour trouver un emploi avec possitibilité de télétravailler.

Les métiers offrant des emplois en distanciel

Les réunions en visio ou les logiciels collaboratifs de type Sas contribuent à étendre le télétravail à de nombreux secteurs. Ce sont les métiers nécessitant une bonne maîtrise informatique et faisant appel à des prestations intellectuelles qui sont les plus adaptés au télétravail. On peut citer les suivants :

  • secrétaire ;
  • développeur ;
  • juriste ;
  • assistant marketing ;
  • data scientist ;
  • auditeur ou consultant ;
  • rédacteur…

Les fonctions support de l’entreprise peuvent également s’effectuer en télétravail. Certaines entreprises adaptées étant spécialisées dans l’assistance des entreprises pour ces fonctions : RH, juridique, comptabilité, achats, gestion, informatique…

Les statuts autorisant le télétravail partiel

Certains salariés peuvent être en télétravail partiel, comme les indépendants ou les entrepreneurs en situation de handicap. Ce mode de fonctionnement les aide à regrouper certaines tâches spécifiques comme l’administratif, la comptabilité ou les relations fournisseurs sur 1 ou 2 jours par semaine, pour les réaliser à domicile.

Comment se faire accompagner dans son projet de reconversion en tant que travailleur handicapé ?

Tout commence avec la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Toute personne âgée de plus de 16 ans et souffrant d’une dégradation d’une de ses fonctions physiques, sensorielles, mentales ou psychiques, qui l’empêche soit d’obtenir un emploi, soit de s’y maintenir, est en droit de la demander.

  • Plus de 80 % des handicaps seraient invisibles et endurés par des personnes qui n’osent pas se manifester.
  • Une demande de reconnaissance de RQTH peut se faire après un accident ou suite à des dégradations dues à une maladie ayant entraîné des séquelles invalidantes.

La demande se fait auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).

La CDAPH (commission pour les droits et l’autonomie des personnes handicapées) prend ensuite le relais et accorde (ou pas) la RQTH, en même temps qu’elle décide d’une orientation pour le travailleur handicapé :

  • en milieu ordinaire (EA et entreprises du privé ou du public) ;
  • en ESAT (établissement de service d’aide par le travail) ;
  • en ESRP (établissement de service de réadaptation professionnelle).

Cette orientation détermine les mesures d’accompagnement et de formation qui vont être ensuite mises en place pour le travailleur.

Une RQTH est une protection pour un travailleur handicapé et l’aide à obtenir un aménagement de poste. Mais certains n’en font pas la demande par peur de discriminations, surtout lorsque le handicap est peu visible.

Les organismes spécialisés

Pour un salarié qui se retrouve en situation de handicap : 

Faute de reclassement possible dans son entreprise, il pourra se tourner vers la reconversion en s’adressant à sa MDPH qui pourra l’informer et l’orienter.

  • L’Agefiph (association pour les fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) intervient dans le financement de l’aménagement des postes et dispense de l’information sur l’orientation.
  • La Fagerh (fédération des centres de reconversion professionnelle pour les personnes en situation de handicap) peut aussi orienter, former et accompagner.

Pour les demandeurs d’emploi : 

Pôle emploi et Cap emploi se sont rapprochés en 2022 pour proposer une offre de services à destination des demandeurs d’emploi en situation de handicap. Un suivi est accordé à chaque demandeur par un conseiller unique et dans un lieu unique.

Pour les moins de 26 ans :

Les missions locales mettent à la disposition des moins de 26 ans en situation de handicap un conseiller référent pour les renseigner sur les métiers existants et leur apporter un suivi : aide à la recherche d’emploi et ateliers CV, proposition d’offres d’emploi, rencontres avec des professionnels…

L’Apec, l’Onisep et les chambres consulaires dispensent eux aussi de l’information professionnelle à destination des publics en situation de handicap.

Comment se former

Quelle que soit la décision de la CDAPH relative à la RQTH, il vous est toujours possible d’accéder à un accompagnement et à des actions de formation.

  • En milieu ordinaire, les entreprises adaptées offrent le choix entre le CDD Tremplin et la délégation en entreprise ou en EATT, pour bénéficier de formation dans le cadre d’un projet professionnel dans l’objectif d’aboutir à une embauche.
  • En ESAT, les travailleurs bénéficient de formations continues qui peuvent aller jusqu’à une VAE (validation des acquis de l’expérience). Les formations sont courtes, individualisées et regroupées par thématiques.
  • Les ESRP proposent une offre de formation adaptée au marché de l’emploi et comportant un accompagnement à l’insertion.
  • L’apprentissage est aussi un mode de formation encouragé, avec l’obligation pour chaque centre d’apprenti d’avoir son référent handicap.

Financer son projet

Il existe différentes sources de financement qui permettent à une personne en situation de handicap de financer un projet de reconversion professionnelle.

LE CPF

ou compte personnel de formation, qui permet à tout salarié de cumuler un crédit en euros sur un compte personnel, pour financer la formation de son choix. Pour les travailleurs handicapés, ce compte est crédité de 800 € par an, dans la limite d’un plafond de 8 000 €.

L’Agefiph

participe au financement de formations qualifiantes ou certifiantes à destination des publics en situation de handicap, ainsi qu’au financement des aménagements de poste.

Pôle emploi et Cap emploi

peuvent financer une partie de la formation des demandeurs d’emploi en situation de handicap.

Le FIPHFP          

Le Fonds d’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique verse directement à l’employeur une aide qui finance des formations qualifiantes ou certifiantes des agents de la fonction publique territoriale et hospitalière.

La CPAM

peut prendre en charge une action de formation entrant dans le cadre d’une rééducation professionnelle.

Les conseils régionaux

Ils peuvent apporter une participation pour les formations agréées par l’État ou la région.

Transitions Pro

Grâce au dispositif PTP (Projet de Transition Professionnelle), tous les salariés du privé peuvent bénéficier d’un financement de leur projet de reconversion. Contactez votre Transitions Pro en région et découvrez comment faire financer votre formation certifiante tout en conservant une rémunération. En tant que travailleur handicapé, l’examen de votre dossier est prioritaire, alors n’hésitez pas.